Vladimir Poutine dans les pas de Nicholas II?

Le géopoliticien Pierre Servent (Le Figaro)

Dans la foulée de ma recension de son interpellant livre Le monde de demain, le spécialiste de la géopolitique, historien et auteur Pierre Servent a accepté de m’accorder une entrevue en début de semaine. Le lendemain de l’entrevue, on dévoilait qu’il était lauréat du Prix du livre de géopolitique 2023 – prix spécial du jury – pour cet ouvrage saisissant d’actualité.

Nous l’en félicitons chaleureusement et le remercions vivement pour la générosité de son temps.

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M. Servent, nous avons trop souvent l’impression en Occident que Vladimir Poutine est une anomalie de l’histoire. Dans votre livre, vous donnez des clés instructives pour comprendre que ce n’est pas le cas. Est-ce qu’il a le sens de l’histoire?

Il n’est pas connu pour être un féru d’histoire dans le sens où il n’a pas fait d’études en ce sens. On peut être féru d’histoire sans avoir fait des études universitaires ou autre, mais on ne note pas dans sa carrière de témoignages de ses compagnons, de ses proches, de toute l’équipe qu’on peut appeler aussi le gang de Saint-Pétersbourg à l’époque à l’effet que Vladimir se plonge dans un livre d’histoire. Il n’est pas connu pour être un passionné d’histoire.

Dans la période plus contemporaine, on trouve des indications intéressantes dans le livre notamment de Michel Eltchaninoff qui a été publié il y a quelques années qui s’intitule Dans la tête de Vladimir Poutine. Là, il semble qu’un certain nombre de personnages ayant eu des connaissances historiques approfondies mais dans un sens très particulier par rapport à l’histoire de la Russie et notamment sur son versant asiatique. La Russie est une puissance euro-asiatique et il y a toujours eu dans l’histoire du pays des tensions entre les pro-occidentaux et ceux qui, au contraire, considéraient que la Russie était une puissance asiatique.

Depuis un certain temps, des personnages lui ont mis dans l’idée que l’Occident étant décadent et que, finalement, l’avenir de la Russie était sur son front asiatique et notamment à travers aussi une alliance avec la Chine. Alors ça, c’est un rapport à l’histoire idéologique qu’il a visiblement engrangé ces dernières années et qui explique aussi tout le fond qu’il a développé dans son grand discours de Munich, son fonds idéologique et sa lecture du monde considérant en plus que tout ce qui relève de l’Europe est aux mains des Américains et donc le poussant encore plus à se tourner vers la partie asiatique de son immense territoire qui fait 30 fois le territoire de la France.

Poutine s’est beaucoup penché sur la Révolution de 1917.

Sinon, sur une période historique plus contemporaine, là on a des indications selon lesquelles il s’est beaucoup penché sur la révolution en 1917 et sur le sort de Nicolas II. Ce qu’il en a déduit et là-dessus on ne peut pas le contester, c’est que très souvent, quand les personnages autocratiques encaissent une défaite, on pense par exemple à Napoléon III en France et, en l’occurrence Nicolas II, eh bien derrière, c’est la chute du pouvoir personnel, c’est la défaite politique. La défaite dynastique vient se greffer sur la défaite militaire et, en plus pour Nicolas II et sa famille, cela s’est terminé par leur exécution en 1918 à Ekaterinbourg sur ordre personnel de Lénine.

Vladimir Poutine a beaucoup médité sur le fait que lorsqu’un personnage autocratique prend une décision qui tourne mal pour lui, la pente est savonneuse derrière. Ce qui est frappant, c’est que dans son discours en réponse à la tentative de coup d’État de Prigojine, il a évoqué 1917. Il n’a pas mentionné le tsar, mais la perspective du spectre de la Guerre civile qui a suivi la première révolution et surtout la deuxième révolution bolchévique consécutive aux défaites de l’armée russe face à l’armée allemande. Assez curieusement dans cette comparaison, il ne s’est peut-être pas complètement rendu compte qu’au final, le Nicolas II d’aujourd’hui – même si la configuration militaire de la Première Guerre mondiale rien à voir avec la situation présente – c’est lui. D’une certaine façon et sans le vouloir, il va cliver sa trajectoire dans un échec et dans une perte de pouvoir.

Justement quand vous évoquez son discours sur 1917 suite au putsch raté de Prigojine, est-ce que ça modifie la cartographie du pouvoir poutinien?

Le principal impact de cette tentative de Prigojine, c’est vraiment la mise en cause de l’autorité du chef. Par quelque bout qu’on prenne l’affaire, qu’on considère que c’est une vraie tentative de coup d’état, que ce soit un mouvement d’humeur pour monter sur Moscou pour botter les fesses de Sergueï Choigu et du général Gerasimov. Poutine est un personnage qui a construit son pouvoir sur une figure d’autorité. Vous vous souvenez, au moment de son arrivée au pouvoir, toutes ces séries de photos prises – par Choigu d’ailleurs lors de vacances communes dans l’Est du pays – Poutine torse nu, Poutine à cheval, Poutine à la pêche, Poutine nageant enfin voilà c’était vraiment ce culte de la personnalité et ce culte de l’homme fort. Il a construit son personnage comme cela autour du discours « j’irai les buter, les Tchétchènes, jusque dans les chiottes ». Le 24 juin, le monde entier s’est arrêté, si je puis dire, tout le monde a regardé ce qui se passait là-bas littéralement. Les Occidentaux, les Ukrainiens et les Chinois y ont été particulièrement attentifs.

Le trône du tsar est devenu fragile.

Pour ces derniers, c’est un événement monstrueux, dans le sens où Xi Jinping est assez effaré par les échecs militaires de son ami. En plus, doublez ça par une colonne d’assaut qui monte sur plusieurs centaines de kilomètres sans que rien ne les arrête. Pour un Chinois, surtout pour un Chinois comme Xi qui considère que l’effondrement de l’URSS est le drame le plus important du 20e siècle, c’est quelque chose qu’il avait dit à Joe Biden quand il est arrivé au pouvoir en Chine et que Joe Biden était vice-président des États-Unis. Je l’ai mentionné dans un de mes livres. Tout cela concourt à dire une chose : le trône du tsar est devenu fragile. Même si le coup d’État de Prigojine a échoué, il avait – selon des informations que je détiens – un certain nombre de relais à Moscou même qui pouvait accompagner son arrivée militaire dans Moscou.

La figure du tsar est très sérieusement fragilisée. Cela doit conduire les cercles du pouvoir, de la nomenklatura poutinienne, à se poser des questions en se disant mais est-ce que le tsar a perdu la main, est-ce qu’il représente vraiment un chef? Je n’avais pas prévu de coup d’État. Personne ne l’avait prévu. Mais cela s’inscrit dans le cadre de propos prononcés par des oligarques et là je parle d’interceptions téléphoniques entre des oligarques à l’étranger au sujet de Poutine. D’autres éléments ont fuité, y compris de la part du capitaine russe chargé de la sécurisation des moyens de communication de Poutine et qui a fait défection avec sa famille il y a quelques mois. Il y a donc toute une série d’éléments qui indiquent qu’un certain nombre de personnes considéraient déjà que Poutine était un homme faible et c’est notamment le point de vue de toute l’ultra gauche-droite, les nationaux-bolchéviques, lesquels considèrent que Poutine n’est pas un homme fort. Le putsch est venu renforcer cette idée chez certains à l’effet que le pouvoir est fragile.

Poutine fonctionne comme un parrain de la mafia.

Pour reprendre une métaphore que j’ai utilisée à la télévision, Poutine fonctionne comme un parrain de la mafia. Au sens propre du terme, Poutine et son gang de Saint-Pétersbourg ont mis la Russie en coupe réglée, comme un chef de la mafia met en coupe réglée des quartiers d’une ville entière. Pour continuer la métaphore, pourquoi devient-on le parrain? Quand on regarde la fameuse série Le parrain ou d’autres films du genre, on devient le parrain, le chef de toutes les familles, pour 3 raisons.

Premièrement, c’est souvent le plus violent. C’est celui qui, dans sa carrière de truand, a montré qu’il était capable de recourir à la mort, à la torture, au massacre de gens sans mégoter. C’est ce que Poutine a fait notamment pour asseoir son pouvoir au début de son règne, à la fin du siècle dernier, quand il a fait provoquer des attentats dans Moscou. Tout ceci est très documenté et j’en parle dans mes livres. Le monde a effectué des enquêtes approfondies sur ces faux attentats dans Moscou qui ont quand même causé 300 morts. L’objectif était d’accuser les Tchétchènes de les avoir préparés et de pouvoir déclencher la deuxième guerre de Tchétchénie, de façon à asseoir l’image de l’homme fort, de celui qui ne recule pas devant les violences extrêmes en l’occurrence les violences de la guerre en Tchétchénie. Beaucoup de monde savait que les attentats avaient été fomentés par le FSB, notamment sous les ordres de Patrouchev, qui est son bras droit aujourd’hui au Kremlin pour les questions de sécurité. Poutine devient donc parrain parce que c’est l’homme le plus violent de l’équipe.

Deuxièmement, un parrain est celui qui est capable de gérer les conflits au sein des familles mafieuses. Évidemment, comme au sein de ces familles vous n’avez aucun perdreau de l’année. En l’occurrence, dans le système poutinien, plusieurs sont des anciens des services secrets. Ce ne sont ni des alouettes ni des colombes. Il faut que le parrain parvienne à maîtriser les violences internes à la famille, sinon c’est l’ensemble du système qui peut éclater. C’est un échec flagrant à ce niveau. Poutine a été incapable de gérer Prigojine face à Choigou et à Gerasimov. Le niveau de violence de Prigojine avait atteint un niveau hallucinant. Dans un système mafieux, ce n’est pas possible qu’un chef de l’une des familles mafieuses ou le chef des tueurs de telle famille, puisse traiter une personne très proche du parrain de salope, dire que les autres sont des connards. Ce vocabulaire a été utilisé par Progojine. C’est donc un deuxième point de faiblesse où le parrain ne remplit plus sa fonction.

L’oligarchie s’appauvrit à cause de Poutine.

Puis, il y a une troisième fonction du parrain qui consiste à être celui qui a des bonnes idées pour accroître la richesse des familles. Celui qui va avoir l’idée de se lancer dans tel business ou de faire la conquête de tels quartiers pour les prendre à tel autre à la mafia irlandaise ou à la mafia juive ou que sais-je encore. C’est donc celui qui va permettre à l’ensemble des familles de s’enrichir encore plus.

À ce niveau, autre échec majeur de Poutine. Les familles s’appauvrissent et ne peuvent plus aller en Europe profiter de leur yacht, de leurs villas, des blondes à fortes poitrines pour ne citer que ces exemples. Poutine est en échec sur les trois niveaux du pouvoir du parrain.

Sans faire de politique fiction, dans les semaines et mois qui viennent, soit il reprend la main aussi bien en Ukraine – hélas, ce que je crains c’est une explosion nucléaire à Zaporizhia, explosion dans des usines d’engrais chimiques, des actions terroristes de grande ampleur comme la destruction du barrage de Nokakhovka et, à l’interne, la terreur.

Emboîtera-t-il le pas à Erdoğan?

À mon avis, c’est ce que le président turc Erdoğan doit lui conseiller parce que c’est ce qu’il a lui-même fait en 2016. Après le putsch raté du 15 juillet de cette année-là, il a mis en place une politique de terreur d’une ampleur considérable. C’est peut-être 150 – 170 1000 personnes dans l’armée, la police, l’université, les intellectuels, les écrivains qui ont été emprisonnés, privés de leur travail. Voilà une politique de terreur interne très forte. Alors, est-ce que Poutine est capable de le faire, est-ce qu’il peut le faire? Est-ce que, en le faisant, il peut craindre la fomentation d’un deuxième coup d’état? Ce sont des interrogations légitimes en ce moment.

Après Poutine, est-ce qu’on ne risque pas de se retrouver avec un successeur qui sera pire que lui?

Là aussi, c’est une très bonne question, à laquelle nous n’avons pas de réponse et sur laquelle nous n’avons, notamment les Occidentaux et les soutiens de l’Ukraine, aucune prise. Dans quelques temps, vous verrez que la presse russe commencera à expliquer que Prigojine est un agent de la CIA notamment. Mais Prigojine, c’est un proche de Poutine depuis 2008-2009. C’est un intime, il connaît tous les secrets de barbouzerie qui ont été montés par le GRU puisque Concord [Management and Consulting], Wagner, tout ça, ce sont des émanations du GRU, le renseignement militaire, notamment pour les actions de déstabilisation, la guerre hybride et tout le reste. Prigojine, c’est donc un intime de Poutine. Il connaît beaucoup de choses. Mais en dehors des Russes eux-mêmes et des petits cercles du pouvoir, on n’a pas prise sur les événements et on ne sait pas ce qui peut se passer. À ce niveau, nous sommes donc vraiment contraints de faire de la politique-fiction.

Alors, soit Poutine reste et conduit une politique de terreur. Dans un tel scénario, il ne lâchera pas le morceau en Ukraine parce que ça fait partie de sa stratégie de pouvoir. Si les Ukrainiens n’arrivent pas à percer profondément le front en direction de la mer d’Azov, nous sommes partis pour un conflit très long. 3 ans, 5 ans, 10 ans de déstabilisation dans cette région avec un Poutine prolongeant son règne. Il a 70 ans, Biden en a 80. Il peut parfaitement se projeter à quatre-vingts ans encore au pouvoir. C’est une hypothèse. L’autre hypothèse, c’est la prise de pouvoir par les radicaux, ceux qu’on appelle les bruns-rouges, qui sont à la fois souvent néonazis et bolchéviques en tout cas hypernationalistes et bolchéviques, suprémacistes russes et bolchéviques, nostalgiques de l’époque soviétique. Avec l’armement nucléaire dont dispose la Russie, leur arrivée aux commandes constituerait une vraie inquiétude, puisque le pays dispose de 6000 têtes nucléaires.

L’autre hypothèse, c’est un éclatement de la Fédération de Russie. Le Caucase fournit beaucoup de soldats et qui ont sacrifié beaucoup de vies dans cette guerre. À un moment donné, on pourrait en avoir assez et faire sécession. Est-ce que le pouvoir de Kadyrov en Tchétchénie est indestructible avec sa garde prétorienne? On peut avoir une hypothèse d’éclatement et alors là c’est impossible de savoir jusqu’où ça peut aller.

Le clan des « raisonnables » pourrait reprendre la main.

Autre hypothèse, une intervention effectuée par une partie des services secrets, une partie de l’armée, une partie des milieux économiques, le clan le plus modéré et le plus européen. Ce sont ceux qui ont assisté à ces trente dernières années – enfin depuis la chute de l’URSS – durant lesquelles l’Occident a multiplié les efforts pour aider la Russie. Contrairement à la légende de la Russie martyrisée par les Occidentaux, c’est d’ailleurs ce que j’expose dans mon livre notamment, c’est exactement le contraire qui s’est produit. On n’a pas arrêté d’aider la Russie, de la financer, d’élargir le G-7 pour la faire entrer dedans, de créer des structures de dialogue avec l’OTAN où les choses fonctionnaient d’ailleurs très bien. Je me souviens de ce que me disait, il y a quelques jours encore, un diplomate européen à Moscou en me confiant que toutes les élites russes rencontrées à Moscou, Saint-Pétersbourg et les grandes les grandes villes, sont européens. Elles ne sont pas du tout asiatiques. Les membres de ce groupe ne souscrivent pas du tout au grand rêve eurasiatique, ça non, ils sont totalement européens. Ils ont envoyé leurs enfants à Harvard, à la Sorbonne, ils allaient consommer de la culture européenne.

Dmitry Medvedev derrière Vladimir Poutine (Watson)

Medvedev [Dmitry, ancien président (2008-2012) et vice-président du Conseil de sécurité depuis 2020] était le chef de file de ce groupe-là à un certain moment. Il représentait cette Russie avant-gardiste, moderne, d’ailleurs certaines chancelleries avaient spéculé sur la possibilité qu’il succède durablement à Poutine et considéré que ça serait une chose très, très, positive. Est-ce que, se rendant compte que la campagne en Ukraine est une folie totale qui coûte un argent monstrueux qui, avec les sanctions économiques, assèche le pays, ce clan des raisonnables pourrait faire une révolution de palais? Est-ce qu’on peut se retrouver un matin avec tout à coup une petite musique de nuit à la télévision, puis l’apparition des cinq personnages – un général, un gars du SPR, un gars du GRU, un gars du FSB, un oligarque disant voilà le président Poutine, exténué par la tâche colossale qu’il a accompli, les efforts géniaux qu’il a fait pour soutenir la Russie, a décidé de prendre quelques repos dans sa datcha et cetera, nous le saluons, nous l’aimons, puis en fait vous avez un coup d’état, une révolution de palais? Nous avons donc toutes ces hypothèses sur la table et celle qui arrivera, c’est encore une autre à laquelle je n’ai pas songé.

Le fait qu’il puisse y avoir pire que Poutine ne peut conduire à baisser les bras.

Oui, nous pouvons avoir pire que Poutine. L’important, c’est qu’il faut absolument aider les Ukrainiens à retrouver leur souveraineté complète. Il est impossible, au 21e siècle, de laisser un État membre permanent du Conseil de sécurité – une puissance nucléaire –

s’abriter en plus derrière son rideau nucléaire pour attaquer un pays voisin en déchirant tous les traités signés par Moscou. C’est impossible de laisser faire cela. Le reste, ça appartient aux 144 millions d’habitants de la Fédération de Russie. Soit ce pays est complètement décérébré, soit il y aura peut-être des personnes qui voudront changer le cours des choses à l’intérieur ou à l’extérieur.

Je ne peux prédire l’avenir, mais l’hypothèse selon laquelle il peut y avoir pire que Poutine ne peut pas conduire à se dire « bon il faut arrêter de soutenir les Ukrainiens, on va laisser les trucs comme ça parce que ça peut être encore pire ». Ça, à mon sens, ce n’est pas possible et quand on est en responsabilité, on ne peut pas raisonner comme ça.

Aurez-vous bientôt un nouveau livre en librairie?

C’est mon prochain objectif. J’ai deux éditeurs : Robert Laffont pour la géopolitique et les romans et les Éditions Perrin pour l’histoire. Il va falloir que je finisse ce projet pendant l’été, parce que je travaille sur un livre autour du 10e anniversaire de la bataille de Dien Bien Phu, les derniers feux de l’empire français en Indochine – l’empire entre guillemets – les derniers feux de l’Indochine, dont ce sera l’anniversaire l’année prochaine. Je suis plongé dans cette période. J’ai deux passions, l’histoire et la géopolitique – les deux étant intimement liées – et j’aime beaucoup intellectuellement passer de l’une à l’autre. J’aime beaucoup le décalage mental que représente le fait, après avoir écrit un livre sur la géopolitique – sur les événements en cours – rebasculer sur un événement historique auquel je suis indirectement lié puisque je suis né au tout début de la bataille de Dien Bien Phu, donc le fait d’écrire ce livre est aussi un anniversaire personnel en quelque sorte.

Les batailles du passé aident à comprendre celles d’aujourd’hui.

C’est toujours intéressant de travailler sur les batailles du passé. Ça me sert énormément pour comprendre les guerres d’aujourd’hui. On a beaucoup parlé du ratio entre l’attaquant et le défenseur dans la guerre actuelle et, à Dien Bien Phu, les Vietminh mettent sur le champ de bataille 10 combattants pour un soldat français – il n’y avait pas que des Français à Dien Bien Phu – mais le rapport est de 10 attaquants du côté de Giap face à un défenseur. Souvent, on dit qu’il faut que le ratio soit de 3 ou 4. Dans ce cas-ci, le Vietminh avait mis le paquet pour Dien Bien Phu. Cela dit, ce n’est pas seulement la masse humaine qui explique la défaite française.

Merci infiniment M. Servent! J’ai hâte de vous lire de nouveau.

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Le monde de demain : Comprendre les conséquences planétaires de l’onde de choc ukrainienne de Pierre Servent est publié aux éditions Robert Laffont.

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