Churchill, ce guerrier solitaire

Pendant près de 19 longs mois, Winston Churchill est seul à combattre le péril nazi avec les dominions britanniques. L’attaque sournoise qui déchire le ciel dominical à Pearl Harbor le 7 décembre 1941 met fin à cette solitude. Franklin D. Roosevelt et ses centurions entrent, enfin, dans la danse.

Mais toutes les alliances ont leurs jeux de puissance et la Seconde Guerre mondiale n’y fait pas exception. La montée en force des Américains correspond à la diminution de l’influence du premier ministre sur la conduite de la guerre. C’est l’un des principaux constats posés dans l’ouvrage éclairant de Lord Richard Dannatt et Allen Packwood, Le D-Day de Churchill : Dans les coulisses du Débarquement (Tallandier).

Malgré l’intention clairement exprimée par les Américains de procéder à un débarquement en France aussitôt qu’en 1942 (ils n’en auraient pas les capacités), Churchill sait que la partie est délicate parce qu’il ne peut « risquer de s’aliéner le président Roosevelt et George Marshall [chef d’état-major des Forces américaines]. Il ne pouvait pas non plus ignorer leur plan [un débarquement en France]. C’est ainsi que débuta un jeu diplomatique complexe. » Un ballet au cours duquel Churchill convainc FDR de prioriser un débarquement en Afrique du Nord comme « meilleur moyen d’alléger la pression qui pesait sur les Russes » qui bataillent sur le front de l’Est. Même si cela permet au descendant de Marlborough d’épargner une déconvenue majeure à ses alliés, ce n’est qu’une question de temps avant que le plan initial reprenne place en tête de liste.

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En quête du Débarquement

« La bataille de Normandie n’est pas un sujet vidé. » La plaidoirie de Nicolas Aubin est sans appel. Son livre Le Débarquement, vérités et légendes (Éditions Perrin) l’articule magistralement.

Si vous avez été influencé par « toute une littérature d’après-guerre [qui] a idéalisé l’armée allemande », si vous être preneur de l’argument selon lequel l’échec des troupiers portant le feldgrau est exclusivement redevable au « sommeil de Hitler », si vous pensez que la Résistance a joué un rôle décisif dans l’issue de la bataille de Normandie ou que vous faites partie des nombreux détracteurs du Field Marshal Bernard L. Montgomery, vos certitudes seront déboulonnées.

Dans un livre extrêmement bien ramassé – après tout, il ne fait que 300 pages – l’historien militaire qui collabore à certaines des meilleures publications francophones sur le sujet remet plusieurs ouvrages sur le métier. Avant d’aller plus loin, il m’est toutefois agréable d’ajouter qu’il convoque un style d’écriture invitant qui fait le régal du lecteur. Une chaîne de commandement est « percluse de frictions », les Allemands s’échinent à établir des obstacles pour « déchiqueter » les planeurs alliés et les pièces d’artillerie offrent une « symphonie mortelle » aux adversaires. Le livre gargouille de ces belles tournures qui séduisent l’esprit.

Revenons maintenant au cœur de son propos et sur quatre points rapides sur lesquels je me permets d’attirer votre attention.

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