« C’est par les bibliothèques que nous retrouverons le salut. » (Jean-René van der Plaesten, p. 123).
Dans un monde orienté sur l’électronique, la technologie, la gratification immédiate, il va sans dire qu’une telle affirmation se situe à contre-courant de la mentalité dominante. Les livres ont été délaissés pour les tweets, les statuts Facebook et tout le reste. À combien de reprises ai-je eu le sentiment d’être un dinosaure en sortant un livre et un crayon de mon sac?
La lecture du livre La nostalgie de l’honneur de Jean-René van der Plaesten (Grasset) – qui se veut une biographie de son grand père, le Général Jean Crépin, bras droit du Maréchal Leclerc de la brousse africaine jusqu’à l’Indochine et fidèle du Général de Gaulle – fut un grand moment de lecture et une véritable bouffée d’air frais pour moi.
Parce que le fil conducteur de son récit est à l’effet que l’on peut puiser dans le passé et les valeurs qui ont contribué à en écrire quelques-unes des pages les plus héroïques. Affirmant que « la France a inondé le monde de ces noms qui ruissellent de gloire militaire », l’auteur nous permet de découvrir un personnage et ses acolytes qui se sont démarqués au milieu de la tempête par un sens de l’honneur bien trempé.
Jean-René van der Plaesten se pose également la question, à savoir si des valeurs comme la vérité, l’idéal, et la loyauté ne figureraient pas dans un répertoire désuet tant elles ne sont pas à l’ordre du jour des décideurs actuels qui se démarquent par une médiocrité découlant du fait « […] qu’ils ont perdu la foi – en eux, en leur pays, en Dieu. »
La foi. Je vois déjà la rangée de tomates s’aligner pour m’être lancées au visage. Comment peut-on aujourd’hui aborder le sujet sans se voir accoler l’étiquette de « grenouille de bénitier ». Il est pourtant impossible de pleinement apprécier la grandeur de ces hommes que l’on retrouve dans ces pages – Leclerc et de Gaulle principalement – sans y référer. Impossible de vraiment comprendre ce qui a animé ces hommes si on les détache de leur foi.
C’est probablement la raison pour laquelle l’auteur a cru bon ajouter la prière des parachutistes à son récit. « Il me semble que celui qui ne frémit pas à la lecture de cette prière ne peut comprendre notre si imparfaite, si belle, si humaine condition. »
Chacune des pages de cet exceptionnel ouvrage m’a ouvert les yeux sur le fait que l’héritage du grand-père de l’auteur, loin d’être dépassé, est plus que jamais actuel, à l’heure où le monde est confronté à des périls qui font appel à « […] cette étrange faculté de comportement dans laquelle il entre une indéniable grandeur mais aussi une extrême inconscience. » Il ne saurait y avoir d’honneur sans la foi et les gestes concrets qui y sont associés, oserai-je avancer.
La Nostalgie de l’honneur est un excellent antidote à la grisaille de l’éphémère et du paraître qui assombrit l’espace public de nos jours.