La déroute victorieuse de Louis XIV

Louis XIV aurait souhaité la baptiser autrement, mais la postérité l’a consacrée sous le nom de bataille de Malplaquet. « Donner un nom, c’est donner un sens », écrit l’historien Clément Oury, qui lui dédie un ouvrage incomparable, Malplaquet 1709, dans la collection « Champs de Bataille », dirigée par Jean Lopez aux Éditions Perrin. D’entrée de jeu, un constat s’impose : du début à la fin, cette échauffourée défie toute logique.

Au cœur de la Guerre de Succession d’Espagne, la France de Louis XIV doit braver l’hiver 1708, lequel réclame un lourd tribut à une population déjà aux prises avec une économie plombée. Croyant le Roi-Soleil dans les câbles, les Alliés présentent un chapelet de demandes exigeantes et intransigeantes, notamment qu’il retourne « ses armes contre son petit-fils », Philippe d’Anjou, ce que le souverain ne peut accepter. Les opérations militaires reprennent de plus belle. Elles sont dirigées par le prince Eugène de Savoie et le duc de Marlborough – l’ancêtre de Winston Churchill, dont le Vieux Lion contribuera à nourrir la mémoire. La forteresse de Tournai est prise, question de « contraindre Louis XIV à une paix rapide, et en tout cas l’humilier en prouvant qu’il n’est plus en mesure de défendre ses propres peuples. » Relevant le gant, celui-ci enjoint aux maréchaux de Villars et de Boufflers de faire sonner le tocsin pour défendre le royaume.

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Le « général Morphée », vainqueur de la Révolution française

Questionné un jour dans un entretien privé à savoir s’il était impatient d’apprendre un jour la rédaction et la publication de sa biographie, un ancien ministre canadien des finances me répondit : « Pas du tout. J’aime mieux demeurer dans la légende que passer à l’histoire. » Cet épisode m’est immédiatement venu en mémoire lorsque j’ai débuté la lecture de La journée révolutionnaire : Le peuple à l’assaut du pouvoir 1789-1795 (Passés Composés) de l’historien Antoine Boulant.

Tout au long de son propos, l’auteur s’emploie à départager l’histoire de l’imaginaire. « Alors que l’imaginaire collectif associe volontiers la journée révolutionnaire à des combats sanglants et des tueries collectives, une analyse plus nuancée s’impose. » À plusieurs endroits, on mesure à quel point les journées révolutionnaires étudiées dans ces pages n’avaient rien de spontané. Seulement quelques centaines d’insurgés se retrouvaient devant les murs de la Bastille le 14 juillet 1789. La majorité des Parisiens ne faisaient pas partie de la foule révolutionnaire, les franges les plus misérables de la société y étaient minoritaires et ce n’est pas « une foule déguenillée » qui a pris d’assaut la Bastille et les Tuileries.

Quel ne fut pas également mon étonnement de constater à quel point la prise des armes servait les intérêts de personnages importants de l’establishment comme le duc d’Orléans, que l’on soupçonne notamment d’avoir financé les émeutiers. Et que dire du rôle déterminant des rumeurs, comme par exemple tout le bruit entourant le « banquet des gardes du corps » propagées dans une véritable campagne de relations publiques. De véritables Fake News qui n’ont rien à envier aux tribulations d’un certain politicien américain. Aussi bien l’avouer, je me suis senti à des années lumières du film culte La Révolution française de Robert Enrico et Richard T. Heffron que j’ai longtemps vénéré.

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