François au crépuscule

« Gouverner épuise », constate Marco Politi dans son livre François. l’Église déchirée (Plon), au sujet pontife disparu le lundi de Pâques, 21 avril 2025. Bien que cette remarque concerne tous les dirigeants, elle s’impose avec une intensité incomparable pour une figure dont le destin fut de marcher sur les lignes de crête d’une institution réunissant plus de 1,4 milliard de croyants à travers les cinq continents.

Qu’il s’agisse des passes d’armes entre progressistes et conservateurs ou de la méfiance nourrie par une génération montante, rétive aux structures personnifiées par une figure de proue perçue comme autocratique et « à qui l’on reproche souvent son manque de mysticisme » — comme s’il s’agissait d’un péché capital —, cet expert ès affaires vaticanes rappelle que « les guerres intestines sont souvent féroces. » Marco Politi en retrace les contours avec la précision d’un astrophysicien scrutant la Voie lactée. Ainsi, au fil des pages, on prend la mesure du « vent violent » qui aura soufflé contre François jusqu’à la toute fin — et peut-être même davantage encore aux dernières lueurs de son ministère pétrinien — alors que ses opposants, parmi lesquels des traditionalistes en pleine ascension, voyaient enfin poindre le moment où sonnerait leur heure.

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Pie VII: Victime et vainqueur de Napoléon

Pendant son règne Napoléon a affronté des généraux et des hommes d’État dont les noms remplissent les pages de l’histoire. On peut notamment penser au duc de Wellington, au tsar Alexandre 1er ou à l’empereur François 1er d’Autriche. C’est principalement par la force des armes que l’empereur des Français est parvenu à bâtir son empire et sa réputation. Le militaire et théoricien prussien Carl von Clausewitz ne le considérait-il pas comme étant un dieu de la guerre?

Il est cependant une autre figure directement liée avec le ciel face à laquelle Napoléon n’est jamais parvenu à avoir le dessus. Je parle ici du pape Pie VII. Je n’évoque pratiquement jamais les figures ou les sujets d’ordre religieux sur ce blogue. Pourquoi faire exception aujourd’hui? Tout d’abord parce que Barnaba Chiaramonti était un moine bénédictin – un ordre pour lequel j’ai toujours nourri une profonde admiration. Il y a aussi le fait que je me suis toujours beaucoup intéressé aux figures qui se sont élevées, d’une manière ou d’une autre, contre Napoléon.

J’étais donc impatient de plonger dans la biographie que lui consacre l’historien Jean-Marc Ticchi et que les Éditions Perrin ont récemment publiée. Quel ne fut pas mon plaisir de découvrir un personnage aux antipodes des caricatures sur lesquelles reposait jusqu’alors mon appréciation de Pie VII. Personnage « qui s’est montré un ami véritable de dame Pauvreté » et très généreux, celui qui a pris le nom de dom Gregorio en entrant au monastère « […] est traité sans guère d’égards par des confrères qui le logent à côté d’un fourneau rendant sa cellule invivable en été… » Ce détachement des biens et du confort terrestres lui seront plus qu’utiles dans la passe d’armes qui l’opposera à Napoléon quelques années plus tard.

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