Le jour où le président russe Vladimir Poutine lança ses troupes à l’assaut de l’Ukraine, le 24 février 2022, un oligarque questionna le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sur la manière dont fut planifiée cette intervention armée. « Il [le président] a trois conseillers. Ivan le Terrible, Pierre le Grand et Catherine la Grande », répondit le ministre. L’anecdote est révélatrice, puisque les trois personnages ont laissé leur empreinte en gouvernant par la puissance dure, ne rechignant pas à faire sonner la charge lorsque nécessaire.
Pour bien saisir la pensée et les actions posées par celui qui préside aux destinées de la Russie, il faut d’abord maîtriser sa grammaire. L’un des exposés les plus éclairants à ce sujet nous est offert par Pierre Servent dans Le monde de demain : Comprendre les conséquences planétaires de l’onde de choc ukrainienne (Robert Laffont). Fort de son expérience militaire et académique, mais aussi politique – le dernier élément se lit entre les lignes – l’auteur nous donne des clés essentielles pour comprendre Vladimir Poutine.
Parce que le personnage est tout sauf un accident de l’histoire. Ses actions reposent « […] sur une idéologie, sur une lecture du passé et des rapports de force dans le monde. L’homme du Kremlin est convaincu depuis longtemps que les temps nouveaux seront forgés par des hommes dotés de la capacité de recomposition des espaces de puissance. » Ces leaders ont le beau jeu présentement, puisqu’« […] il y a dans le monde un besoin frénétique de réassurance autocratique. » Cette vision du monde, est-il besoin de le souligner, est antinomique avec les valeurs démocratiques.
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