The best books, their authors and the great people who inspire these stories / Les meilleurs livres, leurs auteurs et les grand.e.s de l'histoire qui les inspirent.
« « Fils de », « époux de », puis « père de », Charles dut […] se battre pour affirmer sa personnalité et promouvoir ses engagements. » À elle seule, cette observation du biographe et journaliste Philip Kyle résume le parcours fascinant mais souvent tragique du monarque qui sera couronné après-demain en l’abbaye de Westminster.
Mon chef d’État favori, Winston Churchill, a attendu l’âge vénérable de 65 ans – celui de la retraite – pour atteindre le sommet. Il est invité à diriger son pays au pire moment de son histoire, lorsque le péril brun déferle en Europe. De son côté, Charles III aura dû attendre 8 ans de plus que son illustre compatriote pour vivre sa consécration. Après sept décennies dans l’antichambre du trône, il « […] fut l’héritier à avoir attendu le plus longtemps son accession. ». Les deux personnages auront fréquenté les abîmes et les hauts sommets, mais se seront démarqués par une homérique ténacité devant l’adversité. Je m’arrêterai ici sur ce corollaire, même s’il y aurait encore tant à écrire.
Le plus grand mérite de la biographie que nous propose Philip Kyle est de révéler des facettes peu connues, voire occultées, de celui sur la tête duquel sera déposée la couronne de saint Édouard dans quelques heures. Sensible, altruiste – « […] il sélectionnait souvent un enfant peu talentueux, qui n’allait pas l’aider à gagner, mais qui aurait sans doute été choisi en dernier autrement » pour faire partie de son équipe à l’école, mais de caractère affirmé, Charles n’a jamais craint de susciter la controverse pour faire avancer ses idées. Je garde en mémoire le souvenir d’un professeur au secondaire qui se moquait du prince de Galles, narguant sa posture écologiste et son habitude de parler aux plantes.
Le prince Harry et le journaliste Anderson Cooper pour l’émission 60 Minutes (The Telegraph)
Le comte Jean des Cars est un historien et auteur réputé qui a consacré plusieurs ouvrages au sujet de la monarchie britannique. En 2022, j’ai eu le privilège de recenser son Pour la reine : Hommage à Elizabeth II ainsi que la réédition de la biographie Elizabeth II naturellement consacré à la souveraine. Les deux livres sont publiés chez Perrin.
Dans la foulée de ces recensions, M. des Cars a aimablement accepté de répondre à mes questions pour une première entrevue qui fut publiée sur ce blogue à la fin du mois de septembre dernier. J’ai de nouveau échangé avec cet auteur – qui est l’un des meilleurs spécialistes francophones des têtes couronnées – et qui fut le premier journaliste français reçu à Buckingham Palace par celui qui était à l’époque connu comme étant l’héritier de la Couronne, et ce, avant même son mariage avec Diana.
Tradition et innovation: Elizabeth II a réussi ce mariage fascinant!
Selon lui, « le décès d’Elizabeth II a été l’évènement le plus considérable de l’année 2022, notamment pour une raison que le public ignore souvent: elle fut le seul chef d’État en fonctions (de 1953 à 2022), qui avait vécu la Deuxième Guerre Mondiale. En 1939, elle avait…13 ans! Quand elle devient reine, Staline est toujours [au pouvoir] à Moscou! La longévité de la reine est extraordinaire. Nous ne reverrons jamais un tel « spectacle », notamment parce que la jeune souveraine avait compris, bien avant Churchill, le futur pouvoir de la télévision. Elle fut, dans bien des domaines, une pionnière. Tradition et innovation: elle a réussi ce mariage fascinant! »
Le décès de la bien-aimée souveraine, survenu le 8 septembre dernier, est naturellement venu changer la donne et marquait le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la monarchie.
L’historien et biographe Jean des Cars (source: The Limited Times)
Le comte Jean des Cars est un personnage des plus sympathiques et généreux. Sa bibliographie est impressionnante et il est le spécialiste de référence des têtes couronnées européennes. Il m’a accordé il y a quelques jours un long entretien à propos de la monarchie britannique, dans la foulée du décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II survenu le 8 septembre dernier.
« J’ai été le premier journaliste francophone reçu à Buckingham Palace par le prince Charles [maintenant le roi Charles III]. C’était en 1982, avant son mariage avec Diana », de mentionner fièrement l’auteur du récent livre à succès Pour la reine (Perrin) qui en est à sa cinquième réédition. « J’avais appris qu’il allait venir en France, pour honorer la mémoire des combattants de la Royal Air Force qui s’étaient cachés dans les caves à champagne et qui avaient vécu des moments épouvantables. Il devait être accompagné de Lord Mountbatten. J’ai donc dit au journal (Le Figaro) : « Et si on demandait un entretien au prince de Galles? » Tout le monde me regarde et me dit : « vous êtes fou. » J’ai donc pris l’annuaire téléphonique de Londres. J’ai appelé Buckingham et j’ai demandé à parler à l’officier de presse en charge du prince de Galles. On me passe alors un Australien avec un accent de crocodile qui me demande de lui envoyer par télécopieur une photocopie de mon passeport et ma liste de questions. Deux jours plus tard, on me confirmait un rendez-vous qui était prévu le surlendemain. Personne n’a cru que j’avais simplement obtenu cet entretien simplement à cause d’un appel à Buckingham Palace », de se remémorer l’historien avec gourmandise.
Le 10 décembre 1936 marque une date cruciale dans l’histoire de la monarchie britannique en général, mais aussi de la petite Elizabeth Windsor en particulier. Son oncle, le roi Édouard VIII abdique pour vivre pleinement son amour avec Wallis Simpson, une divorcée américaine. La jeune fille est alors âgée de 10 ans. Son monde, celui de sa famille immédiate également, vient de basculer radicalement. Son père, le duc d’York, lui succède de facto et prend le nom de George VI. Il s’agit de l’une des pires crises traversées par la monarchie britannique, un point tournant pendant lequel on s’interroge sérieusement sur l’avenir de la Couronne. Tout aurait pu basculer et les tenues d’apparat rangées dans les musées pour l’éternité. Ce ne fut pas le cas. Heureusement.
George VI, notamment en raison de son stoïcisme, de sa résilience et de son empathie, remet l’ouvrage sur le métier. Les nouveaux locataires de Buckingham Palace commencent à recoudre le blason de la famille royale dans le tissu social britannique et de l’Empire. Elizabeth n’est pas une enfant comme les autres. Le coup de crayon donné par son oncle en cette date fatidique fait en sorte qu’elle ne pourra plus jamais baisser la garde. Elle est l’héritière du trône et, 15 ans plus tard, elle relèvera le gant dans un règne déchaîné de tourments et ponctué de moments glorieux.
La vie a été formidablement généreuse avec moi, en me permettant de vivre en Écosse en 2014-2015. J’y ai d’ailleurs déposé mes bagages un 11 septembre… J’ai alors pris la mesure de toute l’affection que portait ce peuple fièrement enraciné dans un héritage singulier envers la Reine Elizabeth II.
Je regardais avec attention les images diffusées par la BBC du cortège transportant la dépouille de notre défunte souveraine en partance du château de Balmoral vers Édimbourg. Ces images ont fait jaillir de magnifiques souvenirs dans mon coeur et ma mémoire. Il en a été ainsi en parcourant les pages du plus récent livre de Jean des Cars Pour la reine : Hommage à Elizabeth II(Perrin).
La réputation de l’historien militaire Benoît Rondeau n’est plus à faire. Il a déjà publié des livres et biographies remarqués au sujet de Rommel, Patton et l’Afrikakorps pour ne citer que ces exemples.
Dans le contexte du décès de Son Altesse royale le Duc d’Édimbourg, la maison d’édition m’a généreusement donné la permission de partager quelques extraits relatifs au prince Philippe. Qu’ils en soient sincèrement remerciés, en cette journée où je tiens à manifester tout mon respect et ma profonde gratitude envers le Duc d’Édimbourg.
Le prince Philip a servi dans la Royal Navy sur les fronts de la Méditerranée et du Pacifique durant le conflit mondial. Benoit Rondeau résume ainsi l’importance du premier dans la conduite de la guerre :
Sa Majesté la Reine Élisabeth II saluant le Major-général Guy Chapdelaine à l’Abbaye de Westminster le 12 mars dernier. Source: Archidiocèse de Sherbrooke
Lundi le 12 mars dernier, le Major-général (Mgén) Guy Chapdelaine – un prêtre du diocèse de Sherbrooke qui occupe la fonction d’Aumônier général des Forces armées canadiennes, était invité à représenter les Forces armées canadiennes, à l’occasion de la cérémonie interconfessionnelle du Commonwealth célébrée en la cathédrale historique de Westminster à Londres. Contrairement à ce que rapportaient certains médias, il n’a pas prêché devant les membres de la famille royale.
Ceux et celles qui aimeraient consulter le dépliant de la cérémonie peuvent le faire ici.
Je me suis entretenu avec lui, au sujet de cette invitation exceptionnelle qui honore non seulement les Forces canadiennes mais aussi les Sherbrookois.
« Il y a deux ans, je suis me rendu à Londres dans le cadre de mes fonctions, puisque les Forces canadiennes ont un Aumônier en poste dans la capitale britannique. J’y ai également rencontré le chanoine Paul Wright, vice-doyen des chapelles royales (on en retrouve 5 à Londres et 3 au Canada), qui est en même temps l’aumônier de Buckingham Palace. »
Le Mgén Chapdelaine a également fait la connaissance du Doyen de Westminster, le Très Révérend John Hall, pour discuter de la façon qu’il organisait les services religieux incluant différents représentants des religions et des Églises chrétiennes. Il l’a revu en janvier 2017 au Centre anglican de Rome. C’est d’ailleurs de ce dernier qu’est venue l’invitation à participer à la cérémonie du 12 mars.
Durant la réception organisée après le service religieux pour le Commonwealth, celui qui représentant les Forces armées canadiennes a également eu le privilège de s’entretenir avec quelques-uns des membres de la famille royale, dont le Prince Harry et Meghan Markle. « Ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’on se sent en famille avec eux. Lorsque j’ai discuté avec le Prince Harry, je l’ai remercié pour sa contribution aux Jeux Invictus de Toronto et nous avons parlé de météo avec Mme Markle, puisqu’elle a habité Toronto et que c’est une ville que je connais bien. Loin d’être distants, les membres de la famille royale incarnent véritablement le fait qu’ils sont aussi la famille royale canadienne », de renchérir le haut-gradé originaire des Cantons de l’Est.
Le Mgén Chapdelaine retournera à Londres à la fin du mois d’octobre prochain, puisqu’il a été invité à prêcher à St. James Palace. « De mémoire, selon le chanoine Wright, j’étais le premier catholique depuis le roi Jacques II (dernier monarque catholique romain d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse) et le premier canadien à prêcher dans une chapelle de Sa Majesté (on ne sait pas si elle participera à cette cérémonie, mais cela n’est pas exclu). Je me suis donc demandé si Sa Majesté était au courant de la situation et si elle était à l’aise avec ça. Mon interlocuteur m’a dit qu’elle en avait effectivement été informée et que cela lui faisait grandement plaisir », de poursuivre celui qui est aussi Aumônier honoraire de la Reine.
D’Ottawa au Palais de St. James, en passant par Rome, le Mgén Chapdelaine attribue sa participation à la célébration de la grande famille du Commonwealth aux liens d’amitié tissés dans le cadre de ces fonctions au fil des ans et à l’importance du travail effectué au niveau de l’œcuménisme. « Notre rôle est de bâtir des ponts et je suis honoré de représenter le Canada et les Forces canadiennes auprès de la Couronne canadienne. »
Il s’agit sans conteste d’un insigne honneur que le fervent monarchiste que je suis ne pouvait passer sous silence. Et je suis sincèrement reconnaissant au Mgén Chapdelaine de m’avoir accordé cette entrevue malgré un horaire très chargé.